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"Murmures",
2017
Sculptures, Paris, France

La Ville est un mélange de modernisme, de corrosion, de destruction et de reconstruction. Je trouve une énergie, une poésie et un sens profond dans le caractère ordonné ou au contraire sale et encombré de ces paysages urbains. J’ai voulu capturer cet éphémère, extraire cette essence qui m’émeut tant à travers un travail intuitif qui s’est largement nourri des voyages que j’ai effectués en solitaire pendant de longues périodes. J’ai ainsi développé un goût pour l’errance, l’inattendu et il s’est ancré en moi un abécédaire de formes et de couleurs que je tente aujourd’hui de retranscrire. Il s’agit d’éléments, parfois très abstraits et insignifiants,  qui ont attiré mon attention.

L’esthétique des murs délabrés m’a particulièrement bouleversée. J’ai longtemps essayé de les reproduire sur toile puis j’ai réalisé que ces murs étaient le travail du temps et non une création de l’homme. Je me suis alors interrogée sur comment le fait de déplacer un objet existant de sa fonction ou de sa place initiale pouvait le rendre œuvre. De ce fait, je me suis majoritairement focalisée sur le processus de transformation, à travers la dégradation et/ou l’embellissement, le paramètre du temps intervenant alors en tant qu’érosion ou renouveau.

Durant mes errances, j’ai vu se confronter des éléments très hétéroclites et c’est cette diversité que mon imaginaire a absorbée. Ces contradictions urbaines, ces « presque rien », j’ai essayé de les sublimer comme les restes d’une vision, du souvenir d’un ailleurs qui n’a ni nom ni localisation précise.

La balade est constitutive de mon travail. A partir des photos de mes voyages, j’accomplis un travail de déstructuration. Je décompose les images et les confronte à d’autres matériaux pour souligner que l’abstraction peut avoir un sens et que sa lecture peut laisser place à la rêverie. 

Telle une « alchimiste urbaine », je donne aux déchets et aux objets abandonnés une seconde vie. Recycler, transformer, manipuler et falsifier des objets ou des environnements de la vie quotidienne, en les sortant de leur fonction initiale et en les élevant à une dimension personnelle et poétique est l’enjeu de ma production actuelle.

Ici, j’utilise en effet beaucoup d’objets de récupération, de la simple grille au cabas en plastique, ou des matériaux comme la toile de jute, et je réalise alors un travail de composition.

Partant d’un texte que j’avais écrit sur ma peur du vide et mon besoin d’accumuler des photos de voyages que je n’utiliserais jamais, que je n’exploiterais jamais et qui se perdraient dans les méandres de ma mémoire, j’ai commencé un travail de tissage de ces mêmes photos qui s’est superposé à ma réinterprétation de l’Odyssée. J’ai fusionné Ulysse et Pénélope, le long voyage initiatique et périlleux de l’un, avec la patience et le sens de l’observation de l’autre. Je tisse mes photos pour capturer ce qui n’est plus, ces instants dont le souvenir reste flou. A l’instar de Pénélope qui tisse et détisse en attendant le retour d’Ulysse, je laisse en suspens l’action de tisser. 

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